SOLIGNAC SUR LOIRE : L ENDURO FAIT BONDIR LES ECOLOS
Le 01/10/2010 – MC Le Puy
Le championnat d’enduro de ligue d’Auvergne s’invite en Haute-Loire ce week-end avec une course au départ de Solignac-sur-Loire. Une manifestation sportive fortement appréciée de tous les amoureux de sport mécanique mais qui n’ait pas tout à fait du goût des associations pour la protection de l’environnement. En effet, le tracé de la course comprendrait la moitié du parcours dans une zone ‘Natura 2000’ des Gorges de la Loire, une zone protégée par des directives européennes pour en préserver la biodiversité.
70 kilomètres de parcours, essentiellement des chemins de terre, plus de 300 pilotes venus de toute l’Auvergne, L’Enduro du Puy-en-Velay, qui partira de Solignac-sur-Loire Dimanche matin à 8h30, c’est avant tout une fête du sport.
Louis Leturc, organisateur de la course, ne s’y trompe pas : « l’enduro, c’est une des disciplines les plus spectaculaires de la moto« . Comptant pour la ligue d’Auvergne, cette compétition devrait attirer bon nombre de spectateurs venus admirer les déhanchés chaloupés des motards. Mais cette année, la polémique enfle avec la levée de boucliers des associations écologistes.
Une décision qui appartient à la préfecture
Alors que l’Enduro du Puy-en-Velay devrait prendre son départ sur sa commune, le maire de Solignac-sur-Loire a plutôt une position neutre par rapport à l’organisation de cette compétition puisque la décision d’autoriser ou non l’Enduro appartient à la Préfecture. Le Conseil Municipal de Solignac a délibéré avant d’autoriser cette compétition sur son territoire.
L’élu insiste tout de même : « je n’accorde aucune facilité aux organisateurs » avant de préciser : « je n’ai rien contre les écolos, je fais moi-même le tri, mais quand je descend au Puy, je n’y vais pas en vélo ! « .
Compte-tenu des revendications des associations écologistes, il précise : « les organisateurs s’engagent à rétablir les chemins en état après leur passage, comme ils le font parfaitement chaque année. On réalise un état des lieux avant et après la compétition, il y a une convention« .
La préfecture a-t-elle le bon tracé ?
La préfecture autorise donc cet Enduro et affirme que « cette décision a été prise avec tous les avis favorables des services déconcentrés et des communes concernées« . Les services de la préfecture assurent également que la course ne passera pas par le site « Natura 2000 ».
Peut-être ne leur a-t-on pas fourni le bon tracé car Louis Leturc, organisateur de la course, offre un autre son de cloche : « c’est un fait, pour moitié, nous passons dans un site « Natura 2000 » mais on respecte les contraintes imposées depuis quatre ans, c’est à dire le gel des organisations pendant six mois, du 15 février au 15 août, afin de respecter la nidification des oiseaux, on fait des passerelles sur les ruisseaux, pour protéger les écrevisses, on fait tout ce qu’on nous demande« .
Un intérêt économique
Même si sa position est neutre, l’élu de Solignac reconnaît l’intérêt économique que cette compétition représente pour sa commune : » ça fait travailler les commerces, la boulangerie, les bistrots ; il faut bien que tout le monde arrive à vivre. Vous savez, en terme de commerces, il n’y a plus grand chose à Solignac, si on continue, ce sera une ville dortoir. Avec le départ organisé sur notre commune, ça crée une bonne animation et ça fait bien travailler nos commerces« .
Pour lui, l’impact environnemental de cette compétition reste à prouver : « si c’est un site protégé, c’est à la préfecture de décider. L’impact environnemental a lieu toute l’année avec les quads et les motos, cette répétition dérange plus qu’une compétition ponctuelle« .
Une lettre sans réponse
Les associations écologistes, en particulier SOS Loire Vivante, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) d’Auvergne et la FRANE (Fédération de la Région d’Auvergne pour la Nature et l’Environnement), ne se font pas d’illusion et savent bien que la compétition aura lieu cette année encore, malgré la lettre adressée à la préfecture, restée sans réponse.
Pourtant, environ la moitié du parcours passera par une zone classée « Natura 2000 » et protégée par deux directives européennes pour sa biodiversité. Un décret d’Avril 2010 oblige même à réaliser une étude d’incidences si la manifestation dépasse les 100 000 € de budget.
Grégory Jovignot, chargé de projet à SOS Loire Vivante, avertit : « si on ne respecte pas cette directive européenne, la France pourra être amenée à payer une amende. Il ya des enjeux économiques qui rentrent en compte et du coup, on passe au-dessus des lois. On est un département assez laxiste, dans d’autres c’est interdit, et finalement, ça finit chez nous« .
Louis Leturc, pour sa part, tempère : « on a un budget global autour de 15 000 €, loin des 100 000 € évoqués par les associations écologistes. Même pour un championnat de France, on n’atteint pas des sommes aussi importantes, ça va jusqu’à 50 000 € maximum« . De plus, il précise que « l’étude d’incidence est prévue dans les nouveaux textes et applicable au 1er août » et comme il a déposé son dossier fin juin, il ne se trouve pas concerné pas ces directives.
Vers un compromis ?
Sans s’opposer formellement à cet enduro, l’association aimerait trouver un compromis : « toutes les associations de protection de l’environnement aimeraient être consultées sur le tracé. On n’est pas opposé aux enduros, la moitié du trajet n’est pas en zone « Natura 2000 » donc c’est bien possible de faire cette compétition sans enfreindre la loi et passer par une zone protégée« .
Devant l’absence de réponse des services de la Préfecture à sa lettre, l’association déplore : « aucune étude d’incidence n’a été réalisée à notre connaissance mais il n’est pas impossible dans les années futures de se référer aux instances européennes pour annuler ces manifestations si elles n’acceptent toujours pas de modifier leur tracé« .
Enfin, les associations écologistes regrettent « l’organisation de ces manifestations à répétition qui génèrent une augmentation de la fréquentation moto ‘grand public’ reproduisant chaque week-end, et en pleine période de reproduction des espèces, le tracé des compétiteurs« .
Maxime Pitavy