A Couteuges, Monique Brun-Bellut se prépare à confier son exploitation à Zohra Lambin
Source : La montagne – 16 septembre 2014

Ces deux-là étaient faites pour se rencontrer. L’une a osé, il y a une quinzaine d’années, faire le pari de mener, seule, son exploitation agricole. Qui plus est avec un troupeau de brebis noires du Velay, sur un mode d’élevage extensif, en optant pour la vente directe de ses agneaux bio de race pure. L’autre, à 40 ans, change de vie pour travailler au contact des animaux. Parcourt les routes de France avec, dans sa petite bétaillère, une mini-ferme pédagogique itinérante. Et souhaite proposer un produit rarissime en France : du beurre de chèvre et de brebis. Logique, donc, que Monique Brun-Bellut ait choisi Zohra Lambin pour lui succéder à la tête du domaine d’Oussoulx. « Je pensais continuer encore quelques années, mais, avec Zohra, l’occasion s’est présentée, explique Monique Brun-Bellut. Je me suis toujours dit que, lorsque j’arrêterai, je ne voulais pas que l’exploitation soit divisée et je voulais permettre à quelqu’un de s’installer et de développer quelque chose. Mais je voulais aussi quelqu’un qui continue sur ma lancée… ».
Diversifier l’activité tous azimuts
Bonne pioche avec Zohra Lambin, dont le cerveau doit fabriquer en moyenne trois projets par seconde. Au domaine d’Oussoulx qui, avec son troupeau de 250 brebis noires du Velay, fournit actuellement l’équivalent d’un mi-temps, Zohra rêve de donner corps à un projet qui la travaille depuis longtemps.
« Quand j’étais petite, je partais dans le désert, en Algérie, et je me souviens d’avoir aidé ma grand-mère à battre le beurre de brebis. C’était un produit très précieux, délicieux… ». Un pont entre le Sahara et l’Auvergne, mais surtout l’une des pistes que Zohra Lambin a imaginée pour rendre l’exploitation suffisamment solide, économiquement parlant. Elle pense donc à fabriquer du beurre de lait de chèvre, mais aussi à agrandir sa ferme pédagogique, concocte des animations pour mettre en valeur le parc solaire installé sur les terres du domaine ( lire par ailleurs) et réfléchit déjà à une activité tournée vers l’horticulture pour laquelle elle serait épaulée par son fils aîné…
« S’accrocher, vouloir réussir, ça me parle, s’amuse Monique Brun-Bellut lorsqu’elle écoute sa protégée. Elle n’hésite pas à frapper aux portes et elle a raison ». Un fonctionnement qui semble naturel à Zohra Lambin. « J’ai 41 ans, donc je ne peux pas bénéficier des aides aux jeunes agriculteurs et je ne suis pas issue de ce milieu, donc je suis bien obligée d’aller chercher des idées ailleurs ». C’est comme cela qu’elle a déposé une demande pour bénéficier du système de « couveuse », mis en place par Auvergne Nouveau Monde, pendant six mois. Elle devrait être fixée sur son sort en février. La Fondation de la seconde chance lui offre son appui financier pour la réalisation d’un laboratoire de transformation mobile, monté sur un châssis de caravane. Elle a également décidé de sonner aux portes des internautes, en tentant, via le site Ulule, de trouver des financements pour acheter une baratte électrique (2.500 €) et une écrémeuse (2.000 €), dont elle aura besoin pour lancer sa production de beurre ( lire par ailleurs). « Mais sans la transmission de l’exploitation, le projet ne se faisait pas », reconnaît Zohra Lambin.
« S’accrocher, vouloir réussir, ça me parle ! »
Monique Brun-Bellut D’ici une bonne année, si tout se déroule comme Zohra Lambin l’a prévu, les brebis noires du Velay d’Oussoulx auront de nouvelles copines : des brebis lacaune et des chèvres (la race reste encore à définir), dont le lait servira à fabriquer du beurre. Monique Brun-Bellut lui louera les terres et les bâtiments, et lui aura vendu troupeau et matériel. « Fin 2015, je pense que je pourrai passer le relais », estime-t-elle. « Ça traîne, plaisante – à moitié – Zohra Lambin. Il faudrait que je puisse traire demain ! ».