Sortie dans l’aire d’alimentation de captage (AAC) du puits des vignes
Organisée par le CECB, le 23 juin 2024
La quatrième balade apprenante du CECB nous a beaucoup appris. 🙂
C’était une marche dans l’aire d’alimentation du puits des Vignes à la périphérie de Brioude.
Voir le plan ci-dessous des 296 ha de cette aire.
Plus de 40 personnes ont répondu à l’invitation du CECB sur cette thématique de l’eau, et plus particulièrement sur la pollution aux nitrates de l’eau de Brioude. Comme dans toutes les balades apprenantes, les échanges ont été nourris et les participants ont apporté leurs connaissances complémentaires à celles des intervenants.
Avant même le départ, un quiz de Pierre Ribeyre, animateur nature, nous apporte divers renseignements : la nappe alluviale s’étend sur 80 m de part et d’autre des rives de l’Allier ; elle contient de l’eau – à une profondeur de 15 m environ ; l’aire d’alimentation du captage d’eau potable n’est pas une zone protégée, seul le périmètre rapproché du captage est protégé.
Au cours de la promenade, Pierre nous expliquera également, à travers un jeu très actif et amusant, tout le processus technique d’acheminement de l’eau de la rivière jusqu’au robinet.
Après 300 m de marche intense 😉
Juliette Tilliard-Blondel, écologue, intervient pour nous donner d’autres renseignements.
L’Allier, coincé dans ses gorges entre des falaises depuis sa source dans sa hêtraie lozérienne, s’étale largement dans le bassin d’effondrement qui a façonné le brivadois. L’Allier a « calibré » sa plaine en divaguant d’un bord à l’autre. Aujourd’hui, on peut déceler les différents niveaux qu’a occupés la rivière au fil des temps : Il y a plusieurs millions d’années, l’Allier passait sous l’esplanade qui constituait alors l’un des bords de la rivière, aujourd’hui c’est une terrasse alluviale.
Nous longeons ensuite Cerkis, Oléon
puis la SPA et les jardins partagés (rue du Canal). Le chemin qui se présente alors s’appelle le chemin d’Allevier, c’est assez parlant, cela rappelle aussi Elaver, le nom latin pour l’Allier. Puis Pierre nous propose un moment d’introspection : nous allons longer des tranchées pleines d’eau – fossés ou rivières canalisées ? Où va cette eau ? Le but est de nous connecter au territoire et à cette eau si précieuse qui nous entoure.
Le ruisseau de Cohade fait un angle droit pas très naturel (cf plan) 🙂 Cela fait très longtemps que ce petit cours d’eau est canalisé. On apprend qu’il est parfois accidentellement pollué par la laiterie Richemont.
Nouvelle intervention de Juliette et de plusieurs participant(e)s : Le puits des Vignes fait partie des 500 captages classés « pas bons » par un arrêté préfectoral après le Grenelle de l’Environnement, pour cela il est un captage dit « prioritaire ». En 2009, le verdict tombe : il faut délimiter une aire de captage et veiller à diminuer la pollution aux nitrates qui l’affecte. C’était il y a quinze ans…
Les agriculteurs contestent leur responsabilité. Il est évoqué par exemple des pollutions aux nitrates qui peuvent être engendrées par l’entretien des stades, de la ville et du Pont de Bois et de deux entreprises relativement proches : Richemont et la Brivadoise de Traitement de Surface.
Des progrès ont été faits depuis. Par exemple, depuis 2019, on n’épand plus les boues de la station d’épuration sur l’aire de captage…
Il y a deux ans, un contrat de rivière a été mis en place pour l’amélioration de la qualité des petites rivières du Brivadois. L’aire de captage est comprise dans ce contrat.
Malgré tout ça, le taux de nitrates de l’eau du captage continue à être deux fois supérieur au taux idéal de 25 mg/l et frôle voire dépasse régulièrement le taux réglementaire de 50 mg/l.
Quels sont les effets des nitrates sur l’organisme ?
La réponse nous est donnée par Patrick Sauvegrain, technicien eau potable.
Les nitrates en soi ne sont pas toxiques. Ils existent naturellement dans le sol. Le danger vient de leur transformation en nitrites au contact de l’eau. Les nitrites s’attaquent au fer de l’hémoglobine, c’est la méthémoglobinémie qui peut devenir fatale chez les jeunes enfants et les personnes âgées.
En avril et mai 2024, l’eau captée au puits des Vignes (3000 m³ par jour) avait une teneur en nitrates supérieure à 50 mg/l, sans parler des résidus de pesticides.
L’année dernière, sollicitée par l’État, la ville de Brioude a engagé un bureau d’étude pour faire un état des lieux des mesures prises sur le captage « prioritaire ». Le CECB a demandé à faire partie du comité de pilotage de cette étude et a été entendu. Notre idée est d’accélérer la dépollution en nitrates de l’eau par l’action d’arbres bien connus du CECB : les peupliers noirs.
Yann Glémarec, professeur en techniques forestières au Lycée agricole de Bonnefont, nous parle du peuplier noir.
Ces arbres, autrefois très présents dans le val d’Allier, permettant de nourrir les bêtes avec leur fourrage, sont devenus plus rares. Arbres de bord de l’eau, ils ont des racines profondes pour résister aux crues et partant, un fort potentiel d’absorption et de filtration de l’eau des nappes alluviales.
Il va sans dire que le CECB serait heureux de participer à la dépollution de l’eau de Brioude en plantant des peupliers noirs (et des haies!) sur les 296 hectares de l’aire de captage.
La balade s’est terminée sur une note enchanteresse de couleurs flashy et de cris joyeux avec l’observation des guêpiers du bord de l’Allier, fidèles à leur site de reproduction depuis plusieurs années. Merci les guêpiers !
Guêpier d’Europe (Merops apiaster), par Peter Ertl, CC-BY-ND