L’un est Français, possède de solides compétences en botanique qu’il cultive depuis presque 20 ans. L’autre est Américain, professeur d’anglais et découvre la campagne française. Benoît et Jeffery se sont rencontrés à Lyon il y a 10 ans, et ne se quittent plus depuis.
Il y a trois ans, à l’occasion d’une balade en Isère, ils ont l’idée de ce projet : une ferme en permaculture, à l’ancienne et sans mécanisation, en milieu rural, pour une culture vivrière. Après quelques recherches, ils achètent cette ferme, à la sortie de Saint-Éloy, avec 2,5 hectares de terres attenantes, sur leur fond propre – en fait l’ancien café d’Odette.
MotivationSur place, les projets « foisonnent », selon les propres mots de Benoît. Des poules, conseil du Parc naturel régional du Livradois-Forez, pour gagner rapidement de l’argent. De la cueillette, dans la campagne alentour, avec un séchoir pour proposer des tisanes, des confitures et des confits, la vraie passion de Benoît. Et un verger, avec des espèces rares, adaptées aux conditions du plateau, de la groseille à maquereau par exemple.
C’est Benoît qui mène la danse. Jeffery, parfaitement francophone, écoute. Il vient de Philadelphie, assume ne pas y connaître grand-chose. Pour le moment, il donne des cours d’anglais par internet, ce qui assure un revenu au couple. Mais il va aussi mettre la main à la pâte, tant le projet est ambitieux.
Problème : des projets ambitieux, les hautes terres du Livradois en ont déjà vu des pelles, avec quelques poignées d’échecs. Lucien Comte, du PNR, s’occupe d’eux : « Chez certains, ça ne fonctionne pas, d’autres au bout de quatre-cinq ans, ça marche très bien. C’est lié à la manière dont ils écoutent, explique le consultant. La difficulté de Benoît, c’est qu’il se perd. Avec de la rigueur, ça peut fonctionner. »
RigueurBenoît assume : « Je ne suis pas Auvergnat du tout. On voulait des saisons marquées, de la neige, pas du péri-urbain. Le bruit, les voitures, ça me fatiguait, explique-t-il. C’est un peu « j’arrive avec mes utopies ». Mais si on tient l’hiver, c’est qu’on n’a pas envie de partir. »
L’actualité printanière du couple, c’est déjà l’arrivée des volailles, et les premiers marchés à Ambert. Ensuite, c’est la remise en état des friches, et les travaux dans la ferme, qui est habitable et regorge de potentiel inexploité. Un travail de titan, mais le couple n’a pas peur : « Il y en a qui ont des freins, le confort, les enfants. Nous, c’est ce qu’on voulait, une ferme dans le jus. Et niveau famille, on sait bien qu’on n’aura pas d’enfants. »
En trouvant, tout seul, la ferme et en l’achetant, le couple apporte déjà des garanties de motivation. Dans un pays où le succès se compte en nombre d’hivers vécus sur le plateau, le premier est passé. Reste à prouver qu’ils sauront travailler dur, pour convertir tout cela en récolte, dès cette année.
Financement participatif. Benoît et Jeffery en appellent aux dons sur une partie des investissements : 6.500 €, sur les 16.000 € nécessaires. https :\\www.miimosa.com\la-petite-ferme-sur-le-plateau-dans-le-haut-livradois