Données récentes sur les nitrates et pesticides ….
Pollution aux Nitrates
Effets sur la santé humaine
Le principal risque nitrate est lié à la faculté de l’organisme humain de transformer les nitrates en nitrites, qui réduisent les capacités de transport de l’oxygène par l’hémoglobine du sang. L’hémoglobine, oxydée en méthémoglobine, n’a plus la capacité de transporter l’oxygène. Si le risque chez l’adulte est très faible, il n’en est pas de même chez le nourrisson de moins de quatre mois en raison d’une faible acidité gastrique permettant la prolifération de bactéries capables de réduire les nitrates en nitrites et par la moindre présence d’une enzyme permettant de régénérer l’hémoglobine à partir de la méthémoglobine. Cette cyanose, ou maladie bleue du nourrisson, représente un effet aigu très important ou un effet aigu grave. Cet effet n’est pas observé lorsque l’exposition est inférieure à une dose seuil, ce qui justifie la limite de 50 mg dans les eaux de boisson prévue par la réglementation française et préconisée par l’organisation mondiale de la Santé (OMS). A côté de cela, lors d’expositions répétées sur le long terme, les nitrates en participant à la formation de nitrosamines sont suspectés d’induire des effets cancérigènes. Enfin, les nitrates constituent un bon indicateur de qualité des eaux brutes. Considérant leur origine anthropique : apport d’engrais, de déjection animale, ou rejets d’eaux usées, ils doivent faire suspecter la présence d’autres contaminants biologiques ou chimiques.
Effets sur l’environnement
Les nitrates, phosphore et matières organiques représentent les principaux polluants à l’origine de la dégradation de la qualité des eaux de surface. Les nitrates et le phosphore sont des matières nutritives qui permettent, dans les eaux douces le développement des plantes macroscopiques, des microalgues ou des bactéries microscopiques. Ces derniers peuvent provoquer, par l’importance des quantités d’oxygène qu’ils consomment une asphyxie du milieu (dite eutrophisation) si les quantités de nutriments sont importantes. A terme, ces déséquilibres ont de nombreuses conséquences néfastes, telles que le développement de plantes ou de bactéries indésirables ou toxiques ( cyanobactéries, phytoplancton), le colmatage accéléré des retenues, l’asphyxie de poissons et la diminution de la richesse du milieu en espèces animales et végétales (biodiversité). Précisons que le phosphore tient un rôle dominant dans le phénomène d’eutrophisation des eaux douces.
Les nitrates ont peu d’effets nocifs directs sur la faune aquatique. Cependant, les études réalisées par l’unité mixte de recherche (UMR) Inra-Agrocampus Ecobiologie et qualité des Hydrosystèmes continentaux (EQHC) montrent que les saumons des rivières du massif armoricain (Bretagne et partie ouest de la Basse-Normandie) ont une croissance accélérée depuis la fin des années 1980. Ce phénomène serait du à l’augmentation des teneurs en nutriments (nitrates et phosphore) entraînant de fait celle de la production primaire de la rivière et donc de la productivité de l’écosystème. Cet enrichissement du milieu a pour conséquence un renouvellement plus rapide des populations de saumons, synonyme d’une adaptation à des milieux de plus en plus instables et changeants. En effet, le saumon réduit son temps de séjour non seulement en rivière lors de sa phase juvénile mais également lors de sa phase adulte en mer où les conditions de grossissement semblent avoir changé.
D’autres études réalisées également par l’Inra (UMR EQHC et sols, agronomie et spatialisation) ont montré que les nitrates pouvaient avoir un autre type d’impact sur les populations de salmonidés présentes dans les rivières de cette région. En effet, il existe actuellement un phénomène important de colmatage des frayères dans lesquelles les conditions d’hypoxie (manque d’oxygène) entraînent une forte mortalité des oeufs et des alevins. Ce taux de mortalité semble être renforcé par la présence de nitrites (réduction des nitrates) dans les frayères durant la phase de vie sous graviers des truites et des saumons. Cette faible survie entraîne alors une réduction de l’abondance en juvéniles ce qui a pour effet de limiter la compétition pour l’accès à la ressource alimentaire et donc de conduire à une meilleure croissance chez les individus survivants.
A contrario, les nitrates provoqueraient une réduction de la croissance corporelle de 20 à 25 % chez les amphibiens. Ceci aurait pour effet majeur de perturber leur capacité de fécondation et donc leur taux de reproduction. En effet, on observe au niveau mondial un déclin des amphibiens. Mais ce phénomène, lié aux activités humaines, est essentiellement du à la destruction des habitats. Il est très difficile à l’heure actuelle d’identifier la responsabilité des nitrates.