L’association Chanvre d’Auvergne valorise l’utilisation du chanvre pour l’habitat et l’alimentation

 Source :  La Montagne – 24 mars 2014

 

Ann Richard transforme les graines de chanvre. - Photo Nicolas Ruiz
Ann Richard transforme les graines de chanvre. – Photo Nicolas Ruiz
 L’association Chanvre d’Auvergne œuvre depuis plusieurs années pour réimplanter le chanvre dans la région et revaloriser son utilisation tant dans la construction que dans l’alimentation.

Il y a quelques centaines d’années, le chanvre était une culture bien présente en Auvergne, avec près de 400 tonnes cultivées par an. L’arrivée des fibres synthétiques au milieu du siècle dernier a provoqué le déclin, puis la disparition de la culture.

« L’association a été créée par des gens faisant passer leurs convictions avant la rentabilité »

Utilisé à la fois dans le domaine du textile, du bâtiment et de l’alimentaire, le chanvre est une plante qui revient progressivement dans les champs auvergnats, en partie grâce aux efforts faits par l’association Chanvre d’Auvergne, créée en 2008, dont l’objectif est de réintroduire sa culture et son utilisation.

Aujourd’hui, une vingtaine de producteurs cultivent du chanvre en Auvergne, « La culture du chanvre est intéressante pour les rotations de cultures, explique Jean-Paul Rigaud, agriculteur installé à Saint-Beauzire. Ça permet de rompre la prolifération d’adventices et de structurer le sol. »

Depuis trois ans, cet éleveur de moutons et de vaches s’essaie à la culture du chanvre, par intérêt et conviction écologique. « Le problème, c’est qu’on manque de recul par rapport à cette culture, il faut être très réactif, confie-t-il. On n’est pas encore suffisamment bien équipés. »

« L’association Chanvre d’Auvergne a été créée par des gens convaincus, faisant passer leurs convictions environnementales avant la rentabilité. Les clients cherchent le produit le plus naturel possible, que ce soit pour la construction, pour la permaculture ou pour l’isolation. Ce qui me préoccupe, c’est qu’une partie des producteurs emploient pesticides, herbicides et nitrates. Ils cultivent le chanvre comme le maïs ! » s’exclame le producteur. « Il ne faut pas se moquer des clients… ».

« Le problème du chanvre, c’est qu’on ne peut pas le mélanger n’importe comment, raconte Patrick Vallat, maçon à Vieille-Brioude et formateur de l’association nationale Construire en chanvre. Depuis trois ou quatre ans, on peut l’utiliser dans le béton de chanvre, mais pas encore pour les enduits. »

Tant au niveau national que local, la demande en chanvre est en hausse. « Il y a une demande et on essaie de la provoquer, souligne Patrick Vallat. On est en train de créer une dynamique autour du chanvre. Depuis la création de l’association, ça a drôlement bien avancé ! »

« La culture du chanvre
est à part du reste »Ann Richard, membre active de l’association, s’est lancée dans la transformation des graines via l’association Chanvre à part. « La culture du chanvre est à part du reste ! ». Elle raconte être venue à la transformation du chanvre « par un concours de circonstances et une recherche de diversification ». Tournée vers l’autosuffisance, c’est tout naturellement qu’elle s’est rapprochée du monde agricole.

Très impliquée dans l’association Chanvre d’Auvergne, elle suit de près le développement de la culture dans le département et rachète les graines aux producteurs. « La récolte des graines permet de sauver un peu les meubles si la tige du chanvre n’est pas assez grosse. »

Elle propose de l’huile à usage alimentaire ou cosmétique qu’elle extrait des graines, ainsi que des savons et de la farine. « C’est une production très spécifique et peu connue, explique la transformatrice. Je suis un peu bloquée entre la vente directe qui ne se fait qu’aux connaisseurs et les professionnels qui demandent de grosses quantités que je ne peux pas fournir… ».

Contact. Site Internet : http:\\chanvreauvergne.e-monsite.com

Lucie Bravo